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étatiques) ou du côté de l’offre (p. ex. innovations majeures, catastrophes naturelles, rupture des chaînes d’approvisionnement, pénuries soudaines conduisant à des augmentations de prix de certains biens importants, troubles sociaux). L’économie nationale réagit à l’ensemble des impulsions qui s’exercent sur elle : le PIB réel augmente ou diminue en fonction de sa tendance à long terme. L’État et la Banque nationale tentent de lisser l’évolution du PIB réel au moyen de la politique conjoncturelle. Il s’agit en particulier d’éviter les récessions, avec le taux de chômage élevé qui en résulte, ainsi que de freiner les phases de boom économique avec le renchérissement qui les accompagne, en d’autres termes d’atténuer les fluctuations à la baisse et à la hausse.
Expansion
Boom
Refroidissement
Récession
Augmentation des contrats publics, réduction des excédents budgé- taires Accroissement de la masse moné- taire, abaissement des taux d’intérêt
Diminution des contrats publics, réduction du défi- cit budgétaire Stabilisation de la masse monétaire, relèvement des taux d’intérêt
Peu de contrats publics, constitu- tion d’excédents budgétaires Stabilisation de la masse monétaire, relèvement des taux d’intérêt
Attribution de nombreux marchés publics, malgré le déficit budgétaire
Mesures de l’État
Accroissement de la masse monétaire, taux d’intérêt bas
Mesures de la Banque nationale
21.5.1 Politique conjoncturelle
Définition
On désigne par politique conjoncturelle les mesures prises par l’État ou la Banque nationale visant à lisser la conjoncture et à promouvoir une croissance positive et aussi régulière que possible.
Les mesures de politique conjoncturelle sont souvent contestées. Aux yeux de certains, elles manquent leur but, sont insuffisantes ou trop tardives, voire contre-productives, c’est-à-dire qu’elles aggravent la situation qu’on espérait améliorer.
Dans les discussions de politique conjoncturelle, il est fréquent de rencontrer deux points de vue, ou « écoles », diamétralement opposées : l’interventionnisme et le monétarisme.
L’interventionnisme ou politique de la demande
Pour les tenants de cette école, l’État doit intervenir activement dans la vie économique en agissant sur la demande. Son intervention doit être « anticyclique », c’est-à-dire qu’en période de récession, il doit injecter davantage d’argent dans les marchés publics, afin de stimuler la demande ; à l’inverse, il doit réduire fortement ses dépenses en période de haute conjoncture, afin d’éviter une surchauffe de l’économie. Promouvoir ainsi un rôle actif de l’État suppose d’accepter que celui-ci s’endette en période de basse conjoncture. C’est pourquoi on parle aussi de « deficit spending ». L’interventionnisme se fonde sur les idées de l’économiste britannique John Maynard Keynes, qui les a surtout développées pendant la Grande Dépression des années 1930. C’est pourquoi on emploie aussi le terme keynésianisme. Selon les monétaristes, les entreprises investissent dans de nouvelles installations et fabriques lorsque le retour sur investissement qu’elles attendent est positif. Par ces investissements, elles créent de nouveaux emplois et accroissent l’offre (d’où l’expression « politique de l’offre »). La priorité, pour les monétaristes, est donc d’améliorer les conditions d’investissement. Quant à l’in- tervention active de l’État, il faut y renoncer autant que possible. Bien au contraire, il faut favoriser la réduction de la bureaucratie et la déréglementation, l’abaissement des coûts de production (par exemple les charges salariales annexes), la simplification du système fiscal et la réduction des taux d’imposition, etc., autrement dit tout ce qui est susceptible d’encourager les entreprises à investir. L’État doit seulement faire en sorte que l’approvisionnement de l’économie en monnaie soit suffi- sant (d’où le nom « monétarisme »), rôle généralement délégué à la Banque nationale. Le repré- sentant le plus important de ce courant de pensée est l’économiste américain Milton Friedman.
Le monétarisme ou politique de l’offre
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