ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les économistes sont d’avis que les déficits publics sont autorisés et judicieux en cas de mau- vaise situation conjoncturelle accompagnée d’une diminution des recettes fiscales et de tâches supplémentaires dues à la conjoncture. Ainsi, l’état de la conjoncture ne se dégrade pas sous l’effet d’une politique financière restrictive. Avec les déficits, l’État contribue à la stabilisation et au rétablissement de la conjoncture. Ce concept présuppose que l’État réalise des excédents en période de bonne conjoncture. Ainsi, il peut réduire l’endettement pendant la durée de tout un cycle conjoncturel. Ceci n’est toutefois pas simple. L’on attribue à l’économiste et politicien Jo- seph Schumpeter l’affirmation selon laquelle : « Un chien se constitue plus facilement une réserve de saucisses qu’un État démocratique une réserve budgétaire ». Une approche qui est aujourd’hui de nouveau d’actualité – notamment aux États-Unis – promeut un financement global par la dette. La théorie monétaire moderne postule que la politique éco- nomique ne doit pas être limitée par les recettes. Un État souverain doté de sa propre monnaie ne peut pas faire faillite, contrairement aux ménages et aux entreprises privées. Le niveau des dépenses et de la dette publiques ne pose problème que lorsque l’économie atteint ses limites de capacité et que l’inflation menace. Les taxes ne sont pas considérées comme un outil de finance- ment de l’État, mais de régulation de l’inflation. La grande majorité des économistes rejettent cette théorie et avertissent que l’émission monétaire illimitée conduit à l’hyperinflation et à la destruction de la monnaie. Ils citent des exemples édifiants comme l’Allemagne au début des années 1920 ou, ces dernières années, des pays comme l’Argen- tine, la Turquie, le Zimbabwe et le Venezuela. Ils doutent également que le gouvernement soit en mesure de mettre en œuvre les augmentations d’impôts et les réductions de dépenses nécessaires face à une inflation galopante, car les luttes catégorielles rendraient difficile la recherche d’une majorité politique.
Inconvénients de l’endettement public
Les principaux désavantages de la dette publique sont : ➞ des taux d’intérêt en hausse et une pression croissante sur les budgets ➞ l’éviction d’investissements privés ➞ peu de marge de manœuvre à cause des charges d’intérêts liées ➞ reprise des dettes par les banques centrales et, par suite, inflation ➞ insolvabilité et remise de dette
Avec un endettement élevé, l’État immobilise de grosses parties des moyens de placement sur le marché privé des capitaux. Grâce à ce fait, les investissements privés sont dans une situation dif- ficile. Les moyens deviennent rares et les intérêts élevés, ce qui peut faire diminuer la propension à l’investissement privé. Les charges d’intérêts représentent une dépense liée, puisqu’elles doivent être payées selon les contrats de prêt conclus. Si elles représentent une part de plus en plus élevée du budget de l’État, il y aura moins de moyens pour d’autres tâches publiques productives comme la formation ou l’infrastructure. Lorsque l’endettement de l’État échappe à tout contrôle, il y a lieu de craindre une monétarisa- tion – comme le disent les économistes – de la dette publique. Cela signifie que l’État s’endette directement auprès de la banque centrale ou qu’il lui impose de reprendre les dettes publiques à des taux d’intérêt bas, ce qui induit une politique monétaire expansive accompagnée d’un élar- gissement massif de la masse monétaire. À long terme, il peut en résulter une inflation croissante. Lorsque le financement par la banque centrale n’est plus possible et que p. ex. la dette étrangère doit être remboursée, il y a menace d’insolvabilité. Pour éviter la faillite, l’État essaie de négocier avec ses créanciers un assainissement de la dette visant à réduire les dettes. Chypre, la Grèce ou l’Argentine en sont les exemples les plus récents. Lorsque ceci n’est plus non plus possible, l’État sombre dans une banqueroute nationale. Les salaires et les biens et services achetés ne peuvent plus être payés, car il n’y a plus de liquidités.
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